
Au cours de notre discussion, il nous avait parlé d’innovation et de renouvellement. « Je prends souvent l’exemple d’un restaurant, expliquait-il. Si la carte ne change pas, le client se lasse et va voir ailleurs. Il faut sans cesse s’adapter ».
Et c’est d’ailleurs l’un des axes de Gîtes de France, qui laisse chaque région tester des formats sur le terrain avant de, pourquoi pas, les intégrer dans l’offre nationale.
David contre Goliath
Selon Serge Mezin, « l’accueil c’est notre ADN et si on perd ça, on perd tout ». Et de citer la chaleur humaine, la convivialité et l’échange. Face à ce qu’il appelle « un moule sans âme », le directeur de la région Haut-Rhin cite… le petit-déjeuner.
Les moments d’échange, le petit-déjeuner, la confiture de framboises qu’on aura même peut-être cueillies la veille, cuisinées, et mises en pot avec les propriétaires. La dégustation a tout de suite un autre goût.
Dans un communiqué du 25 novembre 2019, Gîte de France enfonce le clou : « nous avons mis en place un modèle durable exemplaire en préservant l’habitant, l’environnement, les traditions et cultures locales. [Nos propriétaires sont] à leur niveau les ambassadeurs des régions dans lesquelles ils vivent »)i
Dont acte. Nous nous sommes penchés sur la question sous un angle éco-responsable : qui innove, qui se renouvelle et qui invente quoi, pour faire vivre au client un moment d’échange unique qui l’éloignera des plateformes ?
Préserver la ruralité
Valorisation de l’habitat traditionnel et de l’écoconstruction locale… Mais ce sont aussi les savoir-faire ruraux que les Gîtes de France mettent en avant.
Comme le fait ce guide de haute montagne qui propose aux vacanciers de son gîte La Grande de mon Père de partir à la découverte de la nature environnante.
Le gîte les Bayles Abeilles est tenu par un apiculteur qui propose, selon la saison, de visiter les ruches ou de participer à la récolte.
Double effet kiss cool : on préserve des métiers traditionnels en déperdition et le voyageur en recherche d’expérience se régale.
La santé et le bien-être
Et là encore, le lien est vite arrivé avec la valorisation du patrimoine rural, en jouant la carte de l’agritourisme jusqu’au bout. C’est ce que font les propriétaires de Entre Mer et Marais en Normandie, en offrant aux visiteurs un panier de légumes du maraîchage à leur arrivée.
Manger sain, prendre soin de soi sont des préoccupations actuelles, qui s’imposent en slow tourisme.
De plus en plus de propriétaires proposent des séances de yoga, mais certains vont plus loin.
Naturopathe et aromathérapeute, la propriétaire du Couchant à Valensole s’entoure de professionnels et propose des « escales indiennes » avec soins ayurvédiques, jeûne et randonnée douce.
Lenteur et digital détox
Dans le département, 3 axes sont privilégiés : alimentation, sport, informatique. Et c’est l’éloge de la lenteur.
Se détacher de son téléphone, proposer un moment où on dit stop, il n’y a pas que les écrans dans la vie. Proposer des livres, des jeux, du sport, de la culture, du bivouac en forêt, des ateliers cuisine… Tout est possible, et fonction du porteur de projet.
Ailleurs aussi, des gîtes s’engagent dans cette voie. C’est le cas du gîte Bengase en Nouvelle Aquitaine. Deux anciennes bergeries en auto-suffisance grâce à l’énergie solaire, l’eau de source et le poêle à bois où la déconnexion est de rigueur, des brebis et chevaux pour seule compagnie.
Histoire et patrimoine culturel
L’idée part d’un constat simple, l’Alsace a une histoire pour le moins dense, une culture populaire encore très vivace, une langue et même des lois particulières qui perdurent. Bref, tout un patrimoine à utiliser.
Pays Cathare, Corse, Bretagne, Pays Basque… Partout en France, l’histoire a marqué des régions aux cultures fortes, qui peuvent facilement s’approprier, décliner la démarche.
Comme en Lozère, où le propriétaire de la Maison Pierre de Mercoeur organise des visites guidées dans la cité aux vestiges médiévaux classés Le Malzieu.
Le département du Haut-Rhin souhaite faire perdurer l’idée et propose d’identifier les adhérents qui connaissent bien le sujet et aiment en parler, créer un panel de propriétaires en capacité d’expliquer et faire valider leurs connaissances par un historien.
I[« Le potentiel de tourisme mémoriel est important et si on ne s’en empare pas, d’autres le feront et avec un regard plus mercantile »,]i ajoute Serge Mézin.
Un fonds de dotation Gîtes de France Initiatives
Chaque année, un appel à projets sera lancé auprès des 95 associations locales des Gîtes de France.
Le fonds de dotation financera la moitié du prix du projet – avec un plafond à 2 500€ tout de même et un plan de communication spécifique.
Les lauréats seront désignés par un Conseil d’Administration composé du CA de la fédération et d’experts en fonction de la thématique abordée.
Cette première session, lancée fin 2019, s’intéresse au domaine du social et de la santé et à la sauvegarde du patrimoine. Les lauréats seront connus en mars et la remise des prix aura lieu en mai 2020.
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